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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 23:19

st-trop-paques-20040045.jpgImaginons que l'imposition bascule de 50 à 80 voire 90%, cela ne changerait pas d'un pouce les problèmes de formation de croissance d'intégration, cela les aggraverait même : déjà parce qu'il n'y aurait plus aucune motivation à travailler pour celles et ceux qui ne sont pas spécialement des passionnés, il suffirait pour eux d'attendre la manne, la dose ; mais, ensuite, cet assistanat, réduit à un shoot, ne résoudrait pas le problème de se sentir bien dans sa vie.

Car, s'il s'agissait seulement d'un problème d'argent, si la vie, être satisfait de sa vie, se sentir fier du résultat atteint, se suffisaient avec des billets de banque (surtout venus du crédit), si savoir aimer, s'instruire, rire, si savoir être apprécié par ses pairs, ses enfants, la jeunesse, pouvaient s'acheter, cela se saurait depuis longtemps, et, au fond, les peuples des pays qui ont été le plus loin possible dans cette voie, se seraient battus pour préserver un tel bonheur, ce qui n'est pas le cas.

Et les pays et peuples qui tentent à nouveau de le faire en sont au début, lorsque les défauts les plus criants sont réduits, mais aussi quand l'euphorie de l'autre monde commence à exagérer le désir d'être dans le même état d'extase en permanence, or, cet état, par définition, n'est pas d'un effet durable, la satisfaction de courber l'échine à l'élite se fait une fois, puis la révolution se transforme en farce à la recherche des dindons à servir à la table de la nouvelle élite, plus dure, moins patinée par les siècles, plus vorace en réalité, ne prenant même plus de gants (comme il a été dit dans un autre billet).

Un jour, il y a six ans, à Athènes, dans une fin d'après midi bien ensoleillé et adouci par de tendres alizés, les mêmes peut-être qui murmuraient des douceurs aux oreilles des grecs anciens, je repérais dans une petite rue adjacente aux remparts qui entourent la vieille ville, une vaste poubelle, un bloc débordant à l'excès et sur lequel semblaient reluire des...livres. Je m'approchais un peu et que vis-je ?

Des dizaines de livres de maths, neufs, jetés ainsi sans vergogne ; ils semblaient récents, et, même si je ne lis pas le grec, j'arrivais à reconnaître par les formules et les courbes quelques champs des mathématiques comme les fonctions, les matrices, intégrales, géométrie, probabilités également.

J'eus tout de suite une intuition forte : un peuple capable de jeter ainsi ses mathématiques par dessus bord, alors que l'on aurait pu fort bien les livrer à quelques bibliothèques publiques, signifiait bien qu'une minorité d'intellectuels décidait d'en finir avec la raison pour virer dans le mysticisme de la violence révolutionnaire puisqu'il est patent de constater que cela fait des années que l'extrémisme domine les champs intellectuels et politico-médiatiques depuis le coup d'Etat raté des communistes dans les années 48, alimentés ensuite à partir de la chute des Colonels par l'extrémisme français et allemand.

Ajouté à cela la crise de l'Etat Providence qui jette ainsi à la poubelle les livres de math de l'année dernière parce qu'il est bien plus fructueux de garder le même budget afin de légitimer le même nombre de postes (à glander) que de s'en servir dans le budget général (voyez je ne dis même pas qu'il faille le supprimer comme le ferait un conservateur en pleine panique) pour améliorer la paye des profs, la bourse des étudiants les plus méritants.

Il faudrait donc mettre tout à plat en Grèce, faire un audit effectué par l'extérieur, voilà ce qu'aurait pu sinon exiger du moins demander l'Union Européenne, sauf que personne ne veut agir ainsi puisque cela aurait concerné tous les Etats européens, or, comme les "grands" pays ne veulent pas évidemment que l'on fasse également un audit, ils ont préféré prêter, avec gages, en espérant, sans trop y croire, que le gouvernement socialiste grec va faire le "sale boulot" (couper sans remodeler) ce qui va évidemment donner du grain à moudre aux blacks blocs et aux sosies des MB (Mélanchon and Besancenot) nos macchabées français adeptes du vaudou bolchevik : on supprime l'élite et ses affidés, et puis après on voit.

Or, encore une fois, la réduction des déficits ne peut s'effectuer que dans un cadre global de restructuration positive de l'effort public vers un mieux, c'est-à-dire dans l'idée qu'il faut redonner à la société civile les moyens de s'émanciper elle-même, sortir du giron de l'Etat total, par exemple, concernant la carte scolaire, d'aucuns se plaignent que des parents mettent leurs enfants dans de meilleurs collèges, alors qu'ils ne seraient pas si meilleurs, victimes, tous, de la "rumeur" etc, or, le problème c'est le collège général, et l'on revient au début, à quoi bon dépenser pour uniformiser les jeunes générations alors que certains gosses ne veulent pas patauger dans l'abstract d'abstract made in IUFM et préféreraient l'apprentissage et l'enseignement professionnel si ce dernier était revalorisé, si le travail manuel n'était pas si mal vu alors qu'il est très considéré en Allemagne aux USA etc.

Mais de cela on en parle depuis des décennies sans aucun succès : lorsqu'un gosse devient trop turbulent on le met en classe "pro" alors qu'il faudrait plutôt l'intégrer ce que l'on appelait autrefois des classes de transition où après une reprise en main il serait guidé vers sa propre voie, c'est ce qui se faisait il y a cinquante ans, cela a donné la jeunesse ouvrière rock and roll, la génération Hallyday, Stones, etc, pas si mal que cela les années 60 à côté des années morbides des seventies avant le rebond disco et punk (le fric c'est chic) des eighties, prélude au nihilisme ambiant et au revival des nostalgies diverses (néo-nazisme, néo-léninisme...).

Quant au fond de l'affaire, la restructuration de l'Etat en vue de libérer la société civile, en vue d'éviter que l'appauvrissement s'aggrave puisque visiblement l'Etat total cela ne marche pas, restructuration qui passe par une mise à plat des rouages de la protection sociale et de l'organisation des grandes sphères, éducation, santé, transports, etc, cela mériterait d'être porté par des réels hommes et femmes d'Etat, nous en sommes loin, donc allons enfants vers la crise globale... Mais, dans ce cas, ce sont les plus forts qui gagnent, et les plus forts n'ont pas nécessairement raison, sauf qu'ils peuvent faire le droit, et où l'on reparle encore du gant de fer puis de la main de fer... sauf que même le fer fond dans l'enfer. 

 

Pour en savoir plus sur la situation en Grèce :

 

et 

 

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commentaires

T
<br /> "il serait guidé vers sa propre voix" : "voie" ?<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> merci !<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> ...alors, parler du carte scolaire est une facon d'avoir confiance dans l'administration, non? Je ne veut pas te pousser ver l'anarchie, mais l'administration actuel c'est plutot... TOTALEMENT<br /> POURIE, non?<br /> Le vrai problem; n'est il pas la? Faire une "analyse lucide" (ou "constat de l'evevidence", selon)c'est une chose. Faire changer, en est un autre. L'aministration c'est plutot le problem, non?<br /> La democratization, l'education universel; ne debouche t'il pas sur cette administration la? On attend le roi philosophe mais on a une administration faite de functionaires, arme's de leur<br /> diplomes...<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> mille fois raison hélas...<br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> oui, c'est a la societe, non? "Carte scolaire" et companie; c'est l'administration, non?<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> oui c'est l'administration... <br /> <br /> <br /> <br />
P
<br /> OUI! ...mais, tout ces petits systems qui marchait, ou qui "marchera", c'est encore l'etat total, non? Ne faut il pas, simplement, laisser respirer et vivre la societe', que l'etat total recul lieu<br /> de se perfectioner?<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> oui... mais il faut aussi quand même indiquer certaines limites... sauf que ce n'est pas à l'Administration de s'en occuper...<br /> <br /> <br /> <br />